Yann Bouchery analyse la Supply Chain du réemploi

Supply Chain

publication du 10/02/2025

Yann BOUCHERY

Directeur du Centre d'Excellence Supply Chain

Qui de mieux placé qu’un professeur en Gestion des Opérations et Logistique pour analyser la Supply Chain du réemploi ?
Yann Bouchery enseigne à Kedge Business School et nous accompagne dans le développement de GEAR, notre plateforme de gestion du réemploi.
Il nous partage aujourd’hui son expertise.

Quel regard portez-vous sur le modèle Supply Chain du réemploi ?

Tout d’abord, je tiens à souligner que le réemploi des emballages est une stratégie
complémentaire au recyclage et qu’il faut activer tous les leviers de façon à réduire la consommation de matières premières et la génération de déchets.

Mon travail consiste à identifier les pratiques Supply Chain qui permettent au réemploi de passer à l’échelle en garantissant la pérennité économique et environnementale du modèle.

Ce n’est pas une tâche aisée car les enjeux liés à la maîtrise des chaînes logistiques du réemploi sont nombreux. Il faut :

  • Identifier le bon schéma directeur
  • Dimensionner correctement les stocks et les capacités
  • Accroître la précision des prévisions de demande et de collecte
  • Optimiser le transport
  • Coordonner les opérations entre les différents acteurs

Il n’y a pas de modèle unique standardisé pour la Supply Chain du
réemploi car il faut s’adapter au contexte, à la typologie d’emballage et au périmètre de déploiement.

Il est donc nécessaire de faire monter les équipes en compétences sur ces sujets. Cette montée en compétence est en marche et le secteur du réemploi gagne en maturité Supply Chain.

“Le réemploi est un sujet pour lequel il n’y a pas de contradiction entre performance environnementale et performance économique.”

Comment voyez-vous ce modèle évoluer dans le temps, en particulier aux vues des enjeux de performance économique et d’impact écologique ?

Le réemploi est un sujet pour lequel il n’y a pas de contradiction entre performance environnementale et performance économique. Pour atteindre ce double objectif, il faut passer à l’échelle en volume de contenants traités et standardiser les outils et les méthodes. Il s’agit d’une véritable industrialisation de filière.

Il faut proposer aux consommateurs des parcours simples qui favorisent la bascule vers ce nouveau mode de consommation, il faut améliorer les taux de retour, et il faut massifier les flux de transport, d’inspection et de lavage.

L’enjeu principal consiste à identifier le périmètre géographique opportun pour chaque typologie de produit et de contenant. Des boucles plus locales nécessiteront moins de transport mais il sera plus difficile de générer des volumes suffisants. Dans certains cas, il faudra donc massifier localement avec d’autres flux, comme ceux générés par le vrac, en décorrélant le lieu
de production du lieu de conditionnement.

Ces nouveaux modèles nécessitent d’embarquer les industriels, mais ils peuvent également permettre une optimisation du transport pour les produits conditionnés en emballage à usage unique. Il est toujours difficile de faire des paris sur le futur mais je crois à l’émergence de lignes de conditionnement industrielles locales multi-acteurs et multi-flux.

“Je crois à l’émergence de lignes de conditionnement industrielles locales multi-acteurs et multi-flux”

Quel rôle joue un Système d’Information dans la bonne gestion et l’optimisation du modèle ?

Toute industrialisation passe par une maîtrise fine des informations nécessaires au pilotage du système. Je ne vois donc pas comment envisager une Supply Chain du réemploi efficace sans système d’information approprié.

Les enjeux liés à la Supply Chain du réemploi mentionnés ci-dessus sont spécifiques et il semble donc délicat d’adapter un système d’information existant. Il me semble donc opportun de concevoir les outils spécifiques à cette gestion des opérations en boucle fermée.

Le développement de la plateforme de gestion GEAR me semble donc aller dans la bonne direction.

Pour aller plus loin, l’enjeu primordial concerne selon-moi la traçabilité. En effet, le système d’information idéal ne pourra pas aller au-delà des informations disponibles, et le passage à l’échelle pour une Supply Chain du réemploi optimisée passe donc également par l’identification des bonnes solutions de traçabilité des emballages.

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