Le 5 mars 1946, l'ex-premier ministre britannique Winston Churchill délivrait son message historique « le nerf de la paix » en prononçant ces mots bien connus : « De Stettin, dans la Baltique, à Trieste, dans l'Adriatique, un rideau de fer s'est abattu sur le continent ».
Cette déclaration cristallisait la menace que l'Union soviétique faisait peser sur la paix et la stabilité du monde d'après-guerre, et marquait le début d'une ère qui allait façonner le paysage géopolitique pour les décennies à venir.
Près de 80 ans plus tard, alors que les pays alliés de l'Ukraine éprouvent des difficultés à soutenir le pays, les soutiens de la Russie ne cessent de renforcer son positionnement stratégique sur le terrain de guerre.
La création de l’OTAN
Quelques semaines avant le message de Winston Churchill de 1946, George Kennan, diplomate américain en poste à Moscou, avait fait part de sa crainte dans un long télégramme envoyé au département d'État. Il avertissait les chefs d'État à Washington qu’il ne pourrait bientôt plus y avoir de coexistence pacifique permanente avec l'Union soviétique.
Trois ans plus tard, douze grands pays de l'hémisphère occidental s’accordèrent sur le traité de l'Atlantique Nord. Depuis, vingt autres pays ont rejoint la communauté de l'OTAN. L'objectif premier du traité était d'engager les États membres à se fournir une assistance mutuelle dans le cadre d'un mécanisme de défense collective qui, à terme, priverait l'Union soviétique de toute possibilité d'étendre son influence et de prendre le contrôle des pays d'Europe de l'Est.
Dans le cadre du traité, les États membres acceptaient de rester attachés aux valeurs démocratiques et aux principes des droits de l'homme. Malgré cela, certains partenaires méconnaissent ou ne parviennent pas observer et à faire respecter ces principes partagés.
Le problème des « États révisionnistes »
L'histoire nous rappellera que l'Union soviétique a disparu sans confrontation militaire directe avec le bloc occidental et l'OTAN. À la suite d'une série d'événements liés à la politique intérieure du pays, l'Union soviétique a été officiellement dissoute sous la présidence de Boris Eltsine.
Cependant, il n'a pas fallu longtemps pour que des pays comme la Chine et la Russie remettent en question l'hégémonie mondiale des États-Unis. Un ensemble de régimes autoritaires et de dictatures anti-occidentales sont devenus, directement ou indirectement, les principaux adversaires des États-Unis et, dans une moindre mesure, d'autres pays démocratiques.
De nombreux chercheurs ont rencontré des difficultés à considérer ces États comme des États révisionnistes. Plus exactement, il s'agit en effet d'États révolutionnaires qui cherchent à modifier et à détruire l'ordre international actuel sans proposer d'alternative qui garantirait la stabilité et la paix à l'échelle mondiale.
La coopération militaire entre l'Iran et la Russie n'est pas un phénomène nouveau. Depuis l'invasion de l'Ukraine, la qualité de la coopération entre les deux pays s'est réchauffée. Il y a quelques mois encore, le soutien du régime théocratique iranien à Moscou se limitait à la livraison de drones. Aujourd'hui, l'Iran fournit à Moscou des centaines d'armes avancées guidées par satellite et forme les militaires russes à leur utilisation.
La coopération militaire de la Corée du Nord et son soutien à Moscou ne sont pas nouveaux non plus. Récemment, des rapports ont révélé que la Corée du Nord avait envoyé à la Russie des millions d'obus d'artillerie. Des responsables sud-coréens ont indiqué avoir détecté jusqu'à 10 000 conteneurs d'expédition quittant la Corée du Nord pour la Russie.
L'Ukraine et son droit à l'autodéfense
Au cours de la première année du conflit, les dirigeants ukrainiens avaient un objectif clair : combattre et repousser les Russes. Avec l'aide d'armes et d'équipements militaires fabriqués en Occident, de services de renseignement et d'un soutien politique, les Ukrainiens ont pu stopper l'offensive de l'armée russe à Kiev et reprendre Kherson. La guerre aurait pu se terminer au début de l'année 2023, avec la retraite de la Russie.
Un bloc occidental indécis et le ralentissement de la fourniture d'armes à Kiev ont influé sur le sort de la guerre et permis à Moscou de reconstruire son armée et de reprendre ses positions stratégiques, appuyée par ses partenaires.
Bien que les membres de l'OTAN aient réaffirmé que l'Ukraine ferait, un jour, partie de la communauté lors du sommet de Washington en 2024, ils ont clairement indiqué qu'ils devaient continuer à soutenir « l'interopérabilité, ainsi que des réformes supplémentaires du secteur de la démocratie et de la sécurité ». Ainsi, une invitation sera lancée lorsque les conditions requises seront remplies et que les membres de l'OTAN seront d'accord.
Pour aider l'Ukraine à récupérer ses territoires occupés et sa souveraineté, les pays occidentaux, l'OTAN et la communauté internationale doivent garantir un front uni. Plus important encore, ils doivent envisager des moyens de décourager et d'empêcher les régimes autoritaires de soutenir militairement Moscou.
Pour ce faire, un mécanisme bien défini et efficace est nécessaire pour appliquer les sanctions à l'encontre de ces régimes. L'Union soviétique s'était en effet effondrée sans confrontation militaire directe avec l'Occident.