Promouvoir la diversité dans la gouvernance des entreprises est loin d’être une sinécure. Afin d’expliquer l’absence criante de femmes au sein des conseils d’administration ou de surveillance, on évoque aussi bien l’existence d’un plafond de verre qu’une pénurie de candidates.
Alors qu’en France, la loi Copé-Zimmermann (2011) fixe comme objectif d’atteindre un taux de 40% de femmes dans les conseils d’administration ou de surveillance des entreprises cotées à l’horizon 2017, une étude récente s’intéresse au lien potentiel entre la diversité au sein des conseils et la rémunération des dirigeants.
À partir d’un échantillon d’entreprises cotées (SBF 120) examinées sur une période de dix ans (2003-2013), cette recherche démontre que la diversité au sein des conseils d’administration ou de surveillance ne fait pas uniquement référence au seul genre (présence de femmes), mais également au statut des administrateurs (présence de salariés). Les résultats, qui confirment ceux d’études précédentes au niveau international, permettent d’étendre le sujet à d’autres profils plus inhabituels d’administrateurs, tels que les salariés. L’étude statistique offre ainsi plusieurs enseignements :
- La question de la diversité ne concerne pas exclusivement le genre, mais aussi le statut des administrateurs.
- La présence de femmes, d’indépendants ou de salariés au sein de la gouvernance des entreprises cotées françaises tend à modérer la rémunération des dirigeants, voire à la faire diminuer.
- Accroître la diversité au sein des conseils permettrait de lutter contre l’inflation de la rémunération des dirigeants, source de débats suite à plusieurs dérives.
- La présence de femmes et de salariés au sein des conseils améliore le fonctionnement de la gouvernance (efficacité). En effet, la rémunération des dirigeants peut être considérée comme une perte relative de richesses pour les actionnaires, voire comme une captation partielle de la rente.
Dardour A., Husser J., Hollandts X. (2015). CEO compensation and board diversity: evidence from French listed companies. Revue de gestion des ressources humaines, 98, 30-44.