Coupe du monde féminine de rugby 2025 : « Les plus grands leaders sont de grands serviteurs »

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publication du 11/09/2025

La Coupe du monde féminine de rugby bat son plein en Angleterre depuis le 22 août. Alors que la France a écrasé l'Italie et le Brésil, elle se prépare à affronter ce dimanche l'Afrique du Sud. Avant cette rencontre décisive, Arnaud Lacan, professeur de leadership à Kedge Business School et ancien joueur, dévoile ce que le rugby peut apporter au leadership d'entreprise.

Dans des travaux menés en 2025, Arnaud Lacan – en collaboration avec Radouane Abdoune, également professeur à Kedge Business School – met en lumière ce que le rugby peut apporter aux leaders dans le monde du travail contemporain. Il a, tout d’abord, observé quatre formes de leadership en fonction des qualités et des valeurs défendues par le dirigeant et les managers au sein d’une organisation. Les voici.

4 formes de leadership

  • Le leadership relationnel. Il repose sur l’influence, l’inspiration, la communication et l’écoute. Ce leader dispose de suffisamment de charisme pour motiver, porter des messages directifs et clairs, être à l’écoute, y compris « dans le feu de l’action lorsque l’enjeu et la pression sont élevés », note-t-il.
  • Le leadership authentique. Il repose sur l’exemplarité et l’intégrité. Ce leader incarne des valeurs fortes auprès de ses équipes comme : la fiabilité, le respect et la justice. Il montre la voie en étant aligné avec une éthique de travail et en fournissant le plus d’efforts : « Le leader a le droit de ne pas être le meilleur, mais il n’a pas le droit d’être indigne vis-à-vis de l’équipe. Nous confondons souvent connaissance et compétence. L’entraîneur peut connaître les règles du rugby sans être le meilleur joueur sur le terrain. Le leader est respecté car il est respectable, pas parce qu’il est le meilleur. »
  • Le leadership visionnaire. Il repose à la fois sur une vision stratégique et partagée. La vision stratégique permet d’anticiper sereinement l’avenir, de créer de la valeur économique ainsi que de donner du sens au business. Le leader est en mesure d’imaginer, d’incarner, de partager une vision et de faire adhérer les équipes. Pour ce faire, la vision doit répondre à des intérêts collectifs« Le leader est humble. Il prend des décisions justes et cohérentes pour tous », indique Arnaud Lacan.
  • Le leadership par horizontalité. Il repose sur l’autorité et la justesse. Ce leader sait faire preuve d’autorité, mais au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne. Autrement dit ? Avec parcimonie. Il tend à effacer une hiérarchie jugée trop stricte et verticale. Il se met au service de l’équipe, mais se positionne lorsqu’il faut décider ou encore recadrer un/des membres de l’équipe.

Ces différentes formes de leadership ne sont « ni innées, ni définitivement acquises, commente Arnaud Lacan. C’est un savant mélange de travail, de capacités naturelles et d’aléas favorables ou défavorables. » En fonction des situations professionnelles, les modes de leadership peuvent s’entremêler, permuter, etc.

3 types de leaders

Outre ces postures, les recherches menées par les deux professeurs de l’école de commerce démontrent qu’il existe plusieurs types de leaders. En premier lieu : le leader naturel. Cependant, il n’est pas rare que « ce leader ne soit pas le manager ou le capitaine d’une équipe. Un membre du groupe peut avoir beaucoup plus de leadership que la personne qui en occupe officiellement le statut. Il n’est pas en situation de responsabilités, mais devient un leader de relais, c’est-à-dire informel et temporaire », poursuit Arnaud Lacan.

A l’inverse, on retrouve le leader imposé« Un pays, une entreprise ou une équipe de sport ne peut pas fonctionner sans leader. C’est anthropologique ! Même si le leader ne dispose pas vraiment des qualités nécessaires pour diriger ou n’est pas légitime aux yeux des autres, il en faut un ! Le déficit de leadership ne vient parfois pas du leader, mais du contexte dans lequel il évolue », nuance l’enseignant.

En parallèle du leader imposé – ou en place -, il peut y avoir le leader d’émergence : celui ou celle qui dispose du plein potentiel pour devenir tôt ou tard le leader. « Ce sont les autres qui vont venir le chercher. Le leadership s’apprend et se développe au fil du temps. Les leaders n’émergent pas toujours à l’endroit ou au moment que l’on imagine. La notion de leadership se réinvente en permanence. Surtout dans le contexte professionnel actuel où l’expertise compte de moins en moins au profit des qualités humaines« , ajoute-t-il.

Dans tous les cas, « les plus grands leaders sont de grands serviteurs. Les autres font d’eux des leaders, ils savent qu’ils leur doivent quelque chose en retour. Les grands leaders savent mettre les éléments les plus performants dans les meilleures conditions pour réussir. Ils savent mettre les autres dans des conditions pour progresser. Ils ont une véritable vision tactique, termine l’ancien sportif. Le grand leader sait aussi pertinemment qu’un jour il va décroître. Il identifie son successeur et le prépare à diriger à sa place. »

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