C’est à une clarification qu’appelle François Bayrou. Le premier ministre a indiqué lors d’une conférence de presse lundi 25 août qu’il prononcera un discours de politique générale qui sera soumis au vote des députés, comme l’autorise l’article 49.1 de la Constitution. Son objet sera de faire approuver la nécessité d’un plan sur quatre ans pour réduire les dépenses et la dette. Une fois la confiance des députés obtenue, le premier ministre a indiqué que les différentes mesures jusqu’à présent évoquées pourront être discutées, amendées ou votées. Décryptage du plan général et des mesures prévues.
Lors de sa conférence de presse de rentrée du 25 août, le premier ministre a confirmé la philosophie du plan qu’il avait présenté le 15 juillet dernier, mais a revu la procédure. Évoquant la nécessité d’une « clarification », alors que « notre pays est en danger car nous sommes au bord du surendettement », le premier ministre a indiqué qu’il procédera à un vote de confiance le lundi 8 septembre prochain. L’objet ? Vérifier qu’une majorité de députés partage la trajectoire de réduction des dépenses et enclencher une spirale favorable au désendettement. « Ne débattre que des mesures, c’est ne pas débattre de la nécessité du plan d’ensemble » estime le premier ministre.
Les grandes lignes des efforts budgétaires visent à réduire le déficit public de 5,4 % attendu en 2025 à 4,6 % en 2026, soit toujours le plus élevé de la zone euro. Pour ce faire, il prévoit un effort de 43,8 milliards d’euros. Diagnostiquant à juste titre l’endettement actuellement hors de contrôle du secteur public comme une malédiction, il appelle « tout le monde à participer à l’effort ».
Le curieux calcul des 44 milliards
François Bayrou a repris le raisonnement – quelque peu spécieux – initié à l’automne 2024 par son prédécesseur Michel Barnier, qui avait alors mis en scène le projet de budget pour 2025 en le rapportant non pas au budget 2024, mais à une estimation contrefactuelle 2025 à cadre législatif et réglementaire inchangé. Détaillées par la ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, lors d’une audition au Sénat, le 17 juin 2025 les dépenses publiques prévisibles en 2026 sont estimées par Bercy à 1 750 milliards d’euros.
Pour que l’écart entre dépenses et recettes ne dépasse pas les 4,6 % du PIB visé, « les dépenses devraient donc s’établir à environ 1 710 milliards d’euros » et la différence entre les deux donne le fameux montant d’environ 44 milliards d’euros. Ce mode de calcul revient à comparer l’objectif d’un déficit de 4,6 % du PIB non pas aux 5,4 % prévus en 2025, mais aux 5,9 % attendus en 2026 ceteris paribus c’est-à-dire si rien n’était fait. La diminution mise en avant représente ainsi 1,3 % du PIB, au lieu de 0,8 % ou 24 milliards en comparant plus simplement 2026 avec 2025.
Gel des dépenses
La stratégie budgétaire et fiscale du premier ministre s’inscrit toujours dans le prolongement de la politique de l’offre définie par le président de la République, Emmanuel Macron, dès son arrivée à l’Élysée en 2017. En 2026, les fameux 44 milliards d’effort budgétaire proviendraient donc pour environ 14 milliards de recettes supplémentaires et pour 30 milliards d’économies sur l’évolution tendancielle des dépenses (il ne s’agit donc pas de réelles coupes dans les dépenses). Ces économies se répartiraient comme suit :
Les dépenses de l’État seraient gelées en valeur en 2026 au niveau de 2025, hors défense qui gonflerait de 6,7 milliards et hors charge de la dette étatique (incompressible et qui augmentera de 8 milliards de 59 milliards d’euros à 67 milliards).
Pour ralentir les dépenses de sécurité sociale, celles qui dérivent le plus avec un déficit attendu de 22 milliards cette année, le gouvernement veut instaurer une année blanche en gelant les prestations sociales et les retraites en 2026 (qui touchera surtout les plus pauvres), soit une économie attendue 7 milliards d’euros. Diverses mesures sur l’assurance maladie sont également prévues dans le cadre d’un plan de réduction de 5 milliards en 2026 comme le doublement à 100 euros de la franchise annuelle, un durcissement de l’accès et des avantages des affections de longue durée ou encore des économies sur les transports sanitaires déjà en partie appliquées par voie réglementaire.
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