La question des méthodes de production dans le domaine du vin est particulièrement sensible. Certains observateurs tirent la sonnette d'alarme face à l'utilisation massive de pesticides de toutes sortes en viticulture, et du fait de leur impact sur la santé des travailleurs, des populations environnantes et des consommateurs. L'identité même des vins et leur réputation gustative sont concernées depuis que des microbiologistes ont montré que l'« effet terroir » serait affecté par le recours intensif aux pesticides. Des agronomes tels que Lydia et Claude Bourguignon estiment que les sols de France sont dans un bien piteux état et qu'il faudra des décennies, voire des siècles, pour qu’ils se régénèrent. Pourtant, nombreux sont encore les viticulteurs qui refusent d'adopter des modes de production plus respectueux de l'environnement, évoquant différentes raisons : risque climatique, réaction des consommateurs, qualité des vins... D'ailleurs, nombre de consommateurs hésitent toujours à acheter ces vins.
L’étude présentée porte sur le cas de la certification écologique en viticulture (biologique et/ou biodynamique). Un test statistique permet de mesurer le lien existant entre bio et qualité à partir d'un échantillon de 74.148 vins produits en Californie entre 1998 et 2009 et comparés par Wine Advocate, Wine Spectator et/ou Wine Enthusiast Magazine. Les scores de qualité attribués chaque année par ces trois acteurs majeurs de l'évaluation outre-Atlantique ont un impact direct, et parfois très fort, sur la demande, et indirectement sur le prix de vente.
Il ressort de cette étude que les vins bio sont, de manière générale, plus appréciés par ces experts que les vins conventionnels. En moyenne, les pratiques culturales biologiques ou biodynamiques permettent d'améliorer la qualité d'environ 4%. Ces résultats sont intéressants car ils contredisent l’a priori selon lequel les vins bio seraient de moindre qualité, et qui expliquerait que deux tiers des domaines certifiés en Californie font le choix de ne pas apposer le label bio sur leurs produits (Delmas and Grant, 2014). Cette contradiction est révélatrice de la difficulté qu’éprouvent certains domaines labellisés à communiquer sur les avantages qualitatifs des méthodes de production respectueuses de l'environnement.
Gergaud O., Delmas M., Jinghui L. (forthcoming). Does organic wine taste better? An analysis of experts’ ratings, Journal of Wine Economics.