Dans un environnement incertain caractérisé par une variabilité croissante de la demande, le partage d'informations entre les différents acteurs de la supply chain est devenu indispensable pour mieux satisfaire le client final et réduire les coûts. Lorsque les informations sur la demande du client ne sont pas partagées, le processus de commande des acteurs en aval de la supply chain (détaillants) vers les acteurs situés en amont (industriels) en accroît les fluctuations. Cette amplification croissante des variations de la demande est connue sous le nom d'effet coup de fouet ou bullwhip effect.
Les chercheurs et professionnels du supply chain management ont identifié le partage d'informations comme l'un des principaux leviers pour réduire l'effet bullwhip. En outre, de nouvelles pratiques collaboratives entre acteurs de la supply chain, telles que la gestion partagée des approvisionnements (Vendor Managed Inventory) ou l'échange électronique de données (ÉDI), sont utilisées pour améliorer la visibilité des informations entre les protagonistes et ainsi réduire l’effet bullwhip.
L'un des travaux de recherche les plus cités dans la littérature sur le sujet porte sur une supply chain composée d’un détaillant qui fait face à une demande auto-corrélée (corrélation dans le temps de la demande du client) et d’un industriel qui en assure l’approvisionnement. Les chercheurs ont évalué le bénéfice du partage des prévisions de la demande entre le détaillant et l’industriel au niveau de la réduction des stocks et des coûts associés. Ils estiment également que ce bénéfice du partage des prévisions de la demande va croissant à mesure que l’autocorrélation de la demande augmente.
Une étude récente a été menée, portant sur la même supply chain, et plus particulièrement sur l’impact du paramètre d’autocorrélation de la demande sur les avantages escomptés du partage d’informations entre le détaillant et l’industriel. Les résultats révèlent que, pour des produits caractérisés par une forte autocorrélation, le bénéfice résultant du partage des prévisions de la demande ne va pas toujours croissant, autrement dit qu’il existe un seuil d’autocorrélation à partir duquel l’effet bullwhip diminue. En effet, il s’avère que le bénéfice de réduction des stocks résultant du partage d'informations entre le détaillant et l’industriel peut s’annuler. Ainsi, pour ce type de produits ayant une demande fortement auto-corrélée, les acteurs de la supply chain n’ont pas toujours intérêt à partager les prévisions de la demande finale puisque les niveaux de stocks ne s’en trouvent pas réduits. L’étude révèle toutefois que lorsque les délais d’approvisionnements s’allongent, le seuil d’autocorrélation augmente en conséquence, entraînant un bénéfice accru du partage d’informations.
Babai M.Z., Boylan J.E., Syntetos A.A., Ali M.M. (2016). Reduction of the value of information sharing as demand becomes strongly auto-correlated. International Journal of Production Economics, 181(A), 130-135.