L'occasion est-elle si belle pour les compagnies maritimes ?

Supply Chain

publication du 04/04/2018

Chaque année, ce sont près de 60 000 navires marchands qui sillonnent les océans du globe, contribuant à hauteur de 3% du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2012. Par ailleurs, la faible qualité énergétique du fuel marin conduit à de fortes émissions de soufre et de particules fines à proximité du littoral et lors des escales portuaires.

Le constat est alarmant aujourd’hui, environ 60 000 décès par an sont attribués au transport maritime. A la lumière de ces chiffres on comprend aisément pourquoi l'efficacité énergétique est devenue depuis dix ans un sujet d’actualité pour le secteur.

La relative jeunesse de la flotte mondiale actuelle et la durée de vie économique des navires, de l’ordre de 20- 25 ans, font que la transition vers des motorisations utilisant des carburants alternatifs (tels que le biofuel ou le gaz naturel) prendra des années à se mettre en place. Dans ces conditions, quel est l'intérêt commercial pour les armateurs d'investir dans des navires moins consommateurs en énergie fossile ?

L’étude* menée conjointement par P. Cariou (Kedge Business School), F -C. Wolff (université de Nantes) et R. Adland (Norwegian School of Economics) apporte quelques éléments nouveaux, en proposant une analyse des prix de revente de 1586 vraquiers secs de type Handysize (entre 10,000 et 40,000 de tonnes de port en lourd), vendus sur le marché de l’occasion entre 1996 et 2016. L’étude visait à identifier si au-delà des éléments liés aux caractéristiques du navire (âge du navire, taille, puissance du moteur) et de la situation de marché (prix d’affrètement des navires au moment de la revente), il était possible d’établir que l'indice d'efficacité énergétique du navire (consommation de carburant par jour) donne lieu à un premium sur le prix de revente.

L’étude conclue que l'efficacité énergétique joue un rôle significatif sur le prix de revente. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, un navire consommant 10% de moins est revendu 4% plus cher sur le marché de l’occasion. Par exemple, si l'on compare à un navire consommant 25 tonnes de fuel par jour avec un prix moyen à la revente sur la période de 9 millions de dollars (USD), un navire consommant 10 % de moins est revendu environ 9,36 millions USD.

* Adland R., Cariou P., Wolff F-C, (2018). Does energy efficiency affect ship values in the second-hand market?, Transportation Research Part A: Policy and Practice, à paraître.