L’environnement de hausse des taux d’intérêt fragilise toutes les banques à moyen terme

Finance

publication du 25/05/2023

Professeur de Finance, Pierre Gruson est responsable du MSc Banking & Finance à Kedge Business School Bordeaux
Auteur de plusieurs livres sur la banque et les marchés financiers, il contribue régulièrement dans les journaux et médias français économiques et financiers.

La longue période de « taux zéro » qui a suivi la crise financière de 2007 a progressivement « érodé » les profits bancaires. Mais la hausse brutale des taux initiée aux USA depuis un an agite encore plus la communauté financière.

Il ne s’agit pas seulement de la courbe des taux qui voit les taux longs descendre au-dessous des taux courts, et qui remet en cause le business-model même du banquier.

Les récentes faillites bancaires ont été déclenchées par des événements tous très différents, parfois en lien indirect avec les marchés. Mais elles ont mis en lumière la vulnérabilité de tous les établissements financiers.

Même ceux qu’on pensait être à l’abri parce qu’ils investissaient dans les titres d’Etat, les plus sûrs. Des retraits importants (42 milliards de dollars en une seule journée pour Silicon Valley Bank !) les obligent à vendre des titres qu’ils pensaient conserver jusqu’à leur remboursement.

Ils figuraient dans les comptes pour leur valeur nominale (100%), alors que leur revente aux prix du marché peut conduire à enregistrer des moins values de 10 à 20% !. 

L’obsession des banques centrales à lutter contre l’inflation laisse anticiper de nouvelles hausses pour 2023. Peut être plus faibles pour tenir compte des difficultés des banques et assurances.

Mais la BCE est contrainte de suivre la tendance décidée par la Fed (5,00%). Si les taux européens décrochent (3,75%), que l’écart de taux augmente, l’euro perdra de la valeur vis-à-vis du dollar. Matières premières énergie, déjà sur un sommet, sont facturées en dollars ! 

En Europe, plusieurs éléments devraient nous rassurer. Une banque centrale supranationale ne peut être suspectée de protéger une banque comme ce fut le cas pour le Crédit Suisse.

Le contrôle réglementaire de la BCE, est identique pour toutes les banques, et pas seulement les plus importantes, comme aux USA. Malgré tout, les banques européennes n’échappent pas à la défiance ponctuelle des investisseurs.

Et la vigilance reste de mise : la veille de la faillite de SVB, les réviseurs des comptes, les agences de notation n’avaient rien vu venir … 

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