« Facebook, Twitter, Instagram… tous les réseaux sociaux ont construit leur modèle économique sur les données fournies volontairement par leurs utilisateurs. Ces derniers ne payant pas le service, la richesse de ces groupes repose sur l’utilisateur lui-même et l’utilisation de ses données par des applications tierces, déclare Mohamed Makhlouf.La masse de données accumulées, leur sécurisation et leur utilisation sans consentement par des tiers peuvent causer des bouleversements sociétaux et des crises d’une extrême gravité. »
Selon Mohamed Makhlouf, le cas de Cambridge Analytica est sans précédent dans l'histoire des réseaux sociaux et illustre parfaitement les risques : « Cambridge Analytica a travaillé sur la modélisation des profils des utilisateurs en développant un algorithme qui repose pour partie sur un modèle efficace et bien connu : le modèle OCEAN. Il s’agit d’un test psychométrique, aussi appelé « Big Five » en raison des cinq critères qui constituent ce profilage basé sur la personnalité et l’intelligence d’une personne. Cambridge Analytica a combiné ces données comportementales avec des données factuelles - démographiques, géographiques et socio- économiques – et des données attitudinales psychographiques – comportements d’achats, style de vie, engagement politique – pour générer des communications ciblées adressables avec les technologies publicitaires. »
« Au final, Cambridge Analytica a réussi à créer un modèle d’une redoutable efficacité permettant de cibler des utilisateurs avec des messages parfaitement adaptés à leurs profils. Mais, à ce stade rien d’illégal », souligne Mohamed Makhlouf.
Le seuil de la légalité a été franchi par la création d’une application qui, téléchargée par 270 000 personnes, a permis à Cambridge Analytica d’accéder à la totalité des données de ces utilisateurs de Facebook (likes, photos, commentaires…). Ainsi que les données de tous leurs amis. Au total, 300 données différentes ont été collectées. Ceci étant, sans demander leur consentement préalablement, ni même les informer, comme l’a souligné leur ancien directeur de recherche. En quelques mois, Cambridge Analytica a récupéré la totalité des informations de plus de 50 millions de personnes inscrites sur Facebook, et les a utilisé à des fins de persuasion politique.
Et Mohamed Makhlouf de conclure : « Le mea culpa des géants des réseaux sociaux sur les fuites de leurs données apparaît bien en deçà des aspirations des utilisateurs et des attentes des organisations gouvernementales et indépendantes de protection de la vie privée. Mais, avec ce manque de transparence, ces réseaux ne risquent-ils pas de perdre leurs utilisateurs ?»
Mohamed Makhlouf est à votre disposition pour toute demande d'interview ou reportage sur ce sujet d'actualité.