Ni Gao est professeure à KEDGE Business School et Directrice du Master of Science International Business, est revenu pour Chine-Magazine.Com sur le ralentissement économique de la Chine, et son impact sur l’économie mondiale.
Ni Gao titulaire d’un doctorat en sciences de gestion de l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Ses recherches académiques portent sur l’analyse des investissements des pays émergents en Europe, principalement sur les stratégies d’internationalisation, les managements à l’international et les contrôles des filiales à l’étranger par les multinationales.
Ses cours sont principalement à l’intention des étudiants des programmes Bachelor, PGE et EBP International dans plusieurs disciplines (stratégie d’entreprise, management et organisation, leadership et change management, géostratégie, développement durable et responsabilité sociale des entreprises).
Qu’est ce qui explique ces difficultés et ce ralentissement de la croissance chinoise ?
L’économie chinoise est étroitement interconnectée avec le reste du monde, ce qui explique en grande partie le ralentissement de sa croissance. Selon le FMI, la croissance mondiale s’est stabilisée au cours de l’année 2023, mais demeure fragile en raison de diverses perturbations telles que le conflit en Ukraine, une inflation élevée et les répercussions négatives de la pandémie de COVID-19.
La reprise économique mondiale n’est pas suffisamment dynamique pour permettre à des pays comme la Chine de relancer pleinement leurs exportations. Les exportations, la consommation et les investissements sont souvent considérés comme les moteurs de la croissance économique. Cette faiblesse de la demande mondiale a eu un impact significatif sur la chute de la croissance chinoise, un pays qui dépend en effet fortement sur ses exportations.
Faut-il s’inquiéter de cette crise économique ?
La crise économique actuelle résulte d’une combinaison de facteurs internes et externes. Cependant, selon les dernières données publiées par le Bureau national des statistiques de Chine le 15 septembre 2023, l’activité économique en Chine montre des signes encourageants grâce aux mesures de relance mises en place. En août, la valeur ajoutée totale de l’industrie a augmenté de 4,5 % en glissement annuel, soit 0,8 point de pourcentage de plus que le mois précédent.
L’emploi reste globalement stable et le taux de chômage urbain a également baissé. De plus, les ventes au détail de biens de consommation, un indicateur clé de la consommation, ont augmenté de 4,6 % en glissement annuel en août. En ce qui concerne le secteur immobilier, les paquets de mesures mises en place par le gouvernement chinois ont commencé à produire des effets, notamment l’assouplissement des restrictions à l’achat de logements dans certaines villes et l’obligation pour les banques de réduire les taux d’intérêt hypothécaires.
Quels impacts pour l’économie mondiale ?
La Chine conserve toujours une position cruciale dans la chaîne logistique mondiale et sa demande en ressources naturelles reste considérable. En effet, le pays achète une quantité importante de la production pétrolière mondiale et figure parmi les principaux consommateurs de cuivre, de minerai de fer, de zinc et de nickel.
Ce ralentissement de la croissance aura un impact sur les prix des matières premières, notamment le pétrole et les métaux, qui devraient maintenir une tendance à la baisse en 2023. Toutefois, cette situation pourrait également contribuer à maîtriser l’inflation et à éviter de nouvelles pressions à la hausse en amont.
Les mesures prises par Pékin seront- elles suffisantes ?
Face à ce ralentissement de la croissance chinoise, le gouvernement chinois renforce sa stratégie axée sur le développement de la demande intérieure et l’exploitation maximale du marché national. L’idée est de créer une synergie entre le marché intérieur et le commerce extérieur afin de promouvoir un double cycle, tant sur le plan intérieur qu’international.
Le gouvernement intervient également pour améliorer le secteur immobilier. À court terme, la crise devrait être absorbée grâce aux mesures prises par Pékin. Cependant, à plus long terme, la situation est plus complexe. La Chine doit en effet s’attaquer à certains problèmes structurels de son économie, tels que la gestion de la dette, notamment celle des gouvernements locaux.
Comment rétablir la confiance des investisseurs ?
La confiance des marchés repose sur un environnement politique stable. À cet égard, Pékin a mis en place un certain nombre de mesures visant à stimuler l’économie. Cela inclut l’introduction d’allègements fiscaux pour les petites et micro-entreprises, la réduction des taux de dépôt bancaire afin d’encourager les ménages à dépenser plutôt qu’à épargner, l’assouplissement des restrictions à l’achat de logements, ainsi que la baisse des taux d’intérêt hypothécaires, entre autres initiatives.
La mise en œuvre de ces mesures pour faire face au ralentissement de la croissance rassure les investisseurs quant à la stabilité politique. En conséquence, les marchés boursiers asiatiques tels que le Hang Seng Index, le Topix, le Kospi et le CSI 300 ont enregistré une hausse généralisée vendredi dernier (le 15 septembre 2023), stimulée par les données économiques positives publiées par le Bureau national des statistiques de Chine.