Qu’attendent et que peuvent espérer les agriculteurs français ?

Alimentation, Vin & Hospitalité

publication du 23/01/2025

Xavier Hollandts, professeur à KEDGE évoque dans cet entretien la crise actuelle dans le monde de l'agriculture française et l'avenir des agriculteurs.

L’agriculture française est en crise. L’agriculture française subit des mutations profondes et le bruit des tracteurs et engins agricoles disparait peu à peu des campagnes.

Les chiffres sont têtus et alarmants. La profession a été divisée par trois en seulement 40 ans. On est passé de 1,3 million de chefs d’exploitation à moins de 400 000 aujourd’hui. Les reprises d’exploitation (généralement par les enfants) se font plus rares ou avec plus de difficultés en raison du prix du foncier ou de la hausse tendancielle de la surface minimale pour atteindre une hypothétique rentabilité.

La profession est aussi celle qui connait le plus de risques psychosociaux et de suicides. Et le salaire horaire moyen dépasse rarement les cinq euros. Pas assez de revenus pour de nombreuses heures quotidiennes. À cela s’ajoutent les effets du changement climatique et des catastrophes naturelles plus fréquentes. Malgré tout, les agriculteurs alertent et se font entendre. En ce moment ils renouvellent les chambres d’agriculture et seront présents à Paris pour le Salon de l’agriculture.

Dans ce contexte morose, que peuvent espérer les agriculteurs ?

En premier lieu des revenus plus décents et des prix plus rémunérateurs. Les deux lois EGALIM étaient censées renverser la table et rééquilibrer les rapports de force dans les filières et vis-à-vis des distributeurs. Force est de constater que le compte n’y est pas, en grande partie parce que les groupes de distribution ont surtout chercher à contourner la loi en installant leurs centrales d’achat hors de nos territoires. Le motif d’espoir réside malgré tout dans l’émergence de marques équitables et responsables qui garantissent des revenus décents aux agriculteurs. Plusieurs marques dans le sillage de « C’est qui le patron ?!» ont vu le jour et proposent des produits équitables.

Sur le plan du commerce et des échanges, les agriculteurs souhaitent également des règles du jeu transparentes et équilibrées. La signature du traité Mercosur montre que cette optique n’est pas partagée par tous puisque cela va permettre de faire rentrer des produits agricoles de moindre qualité et produits à bas coût. L’absence de réciprocité et de clause miroir introduit cette distorsion de concurrence.

Bien évidemment, la question des normes et de la charge administrative pèse aussi sur le moral des agriculteurs, qui se sentent épiés et sous surveillance. Plus largement, ils souhaitent idéalement que les Français et l’administration retrouvent un regard plus positif sur leur profession. Il en va du lien entre nos paysans et la société afin que activités agricoles subsistent comme cela a été le cas depuis plusieurs siècles. Et que résonne encore le bruit des tracteurs dans nos compagnes.

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